Regarde-moi sourire, regarde-moi te raconter des bêtises.
Je suis heureuse – c’est ce que tu penses.
Tu crois que je me redresse toujours sous les coups du
sort.
Tu crois que je ne peux pas être atteinte.
Tu crois que je suis un roc.
Mais tu sais, ce n’est qu’un masque. Une image de soi qu’on
se donne et qu’on donne aux autres, pour cacher dans l’ombre ces choses qu’on
ne veut ni admettre, ni montrer … Ce masque, il nous a pris des années de
construction tellement on a travaillé dessus – dans l’espoir de ne plus jamais
montrer qu’on a nous aussi nos faiblesses. On s’emmure sous ce masque, chaque
jour de plus en plus. Jusqu’à ne faire plus qu’un avec lui …
Ce masque est même tellement consistant qu’il est parfait
dans sa fonction. Trompe l’œil, personne ne découvre jamais ce qu’il y a en
dessous – la tristesse, le chagrin, la douleur … Personne, pas même ces autres
masques or qu’ils connaissent les techniques et les enjeux.
Ce masque …
Je donne le change en journée, mais la nuit tombée et ma
solitude retrouvée, il s’effondre.
Et sous mes airs d’insouciante, il y a
quelqu’un qui angoisse.
Et sous mes airs d’innocente, il y a quelqu’un de
coupable.
Et sous mes airs d’euphorie,
il y a ce goût amer de l’animal social
se retrouvant face à son désespoir …
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